Lettre d'un Poilu analysée par Louisianne
C'est une lettre écrite en 1915 par René Jacob envoyée à sa femme. Pour compléter cette lettre, ou plutôt pour répondre aux questions qu'il se pose, l'auteur utilise de nombreux ingrédients tels que des figures de style :
- une accumulation qui sert à décrire l'horreur des champs de bataille. L'accumulation se sert du mot "cadavres" pour décrire et préciser l'horreur qui règne sur les champs de batailles : "cadavres allemands [...] cadavres qu'on recouvre de chaux..."
- une comparaison qui identifie les champs de bataille à des chaps de carnage : "non, pas champ de bataille, mais champ de carnage"
- une anaphore qui permet d'insister sur la mort en répétant le mot "cadavre" à chaque début de phrase.
L'auteur utilise en outre le présent de description pour appuyer sur l'ampleur des dégâts : "bourdonnent". Il y a un vaste champ lexical exprimant la mort en décomposition et la destruction : "son pont détruit", "horreur", "cadavres", "l'odeur de la mort", "un champ de carnage", "ruine", "saccage", "pillage". Il emploie également le futur de l'indicatif pour montrer son traumatisme face à cette guerre : "ce que je n'oublierai jamais, c'est la ruine des choses, c'est le saccage abominable des chaumières, c'est le pillage des maisons". Dans cette phrase, René Jacob utilise le présentatif "c'est" pour appuyer sur l'importance de la destruction.
Il met aussi sa lettre sous une forme rhétorique. C'est un texte qui présente des questions au début et qui se termine sous la forme d'une réponse. Et grâce à cette forme, l'auteur permet d'attirer la curiosité du lecteur.
Ce texte est intéressant car il démontre que la guerre n'est pas joyeuse, comme le prétendent les journaux. Cette guerre est tellement abominable que l'auteur lui-même ne sait pas comment décrire cette horreur : "comment décrire ? Quels mots prendre ?"
Il décrit cette atrocité non pas comme un champ de bataille, mais comme un champ de carnage, dont le seul but et la seule échappatoire est la mort. Ce ne sont plus les guerres des épopées, comme dans l'Iliade d'Homère, où les soldats partaient heureux de faire la guerre car ils pourraient, comme le héros grec Achille, montrer leur bravoure et peut-être avoir leur nom à jamais gravé dans l'histoire des hommes.
La bande dessinée qui accompagne la lettre montre l'horreur du champ de bataille en y présentant tous les êtres en décomposition, surtout René Jacob qui à la fin se retrouve sous une forme cadavérique. Les couleurs froides et noires évoquent la mort omniprésente. Le rouge fait référence au sang versé et aux entrailles. Même le ciel est coloré en noir et imprégné de la mort.