Lettre d'un Poilu analysée par Isaline
Ce texte de René Jacob, écrit en 1915, lors de la Première Guerre mondiale, est une lettre destinée à la femme de l'auteur. Cette lettre est descriptive.
Dans ce texte, le champ de bataille est comparé à un champ de carnage. C'est donc une comparaison : "non, pas champ de bataille, mais champ de carnage". René Jacob utilise plusieurs champs lexicaux : celui de la mort en décomposition : "des cadavres noirâtres, verdâtres, décomposés", "entrailles répandues sur le sol" ; ainsi que le champ lexical de la destruction : "le champ de bataille nous est appru dans toute son horreur", "pillage des maisons", "saccage abominable des chaumières". L'anaphore (la répétition d'un même mot à chaque début de proposition) du nom "cadavres" permet d'insister sur l'omniprésence de la mort, celle qui ne fait pas de différences ni de préférences entre Français, Allemands et animaux. L'horreur de la guerre est décrite, est précisée à travers une accumulation. Le temps principalement utilisé est le présent de l'indicatif : "bourdonnent des essaims de mouches". Il sert à décrire. A la fin du texte, il montre le traumatisme en utilisant le futur de l'indicatif : "je n'oublierai jamais". Cette phrase au futur de l'indicatif possède un présentatif : "c'est". Il s'agit d'une structure emphatique qui sert à insister et à renforcer les mots "ruine", "saccage" et "pillage". La lettre commence par des questions rhétoriques, auxquelles l'auteur répond : "Comment décrire ? Quels mots prendre ?" Il se demande comment décrire cette horreur insoutenable et indescriptible.
René Jacob a écrit un texte intéressant. Dans cette lettre, il compare la guerre à une boucherie : "des cadavres". C'est tout le contraire de l'épopée où l'on voyait la guerre comme l'occasion de faire preuve de courage, de force, de virilité, comme Achille, le célèbre héros de l'Iliade d'Homère. A partir de 1914, la guerre est vue et vécue par les soldats au contraire comme un "champ de carnage". Tout le monde s'entretue. Le but de la guerre à cette époque et maintenant n'est plus le courage, mais la mort.
La bande dessinée associée à la lettre représente un homme, René Jacob, dans un cadre de photo avec en arrière-plan un champ de bataille. Au fur et à mesure, la photo tombe un peu comme "le vent qui balaye les corps". La photo montre le visage mourir. A l'arrière-plan, les couleurs s'assombrissent : "on voit la mort".