Les Ailes rouges de la guerre d'Emile Verhaeren par Léna et Maëlys
Emile Verhaeren est un poète belge flamand d’expression française né le 21 mai 1855 en Belgique. Il meurt accidentellement le 27 novembre 1916 poussé par la foule sous un train à Rouen. Dans ses poèmes il montre la solitude de l’individu dans la société industrielle. Dans Les Ailes rouges de la guerre, il évoque sa souffrance et la perte de ses amis face à sa solitude à cause de la Première Guerre mondiale. Nous allons donc nous demander comment Emile Verhaeren montre que la guerre est destructrice. Pour répondre à cette question, nous allons analyser dans un premier temps la violence de la guerre et enfin la solitude de l’auteur.
L’idée principale qui ressort de ce poème est celle d’une guerre violente, atroce, mais aussi destructrice. Vehaeren montre cette horreur de la guerre, comme l’indique le vers 7 : « Avec le défilé des mourants et des morts ». Le mot « défilé » insiste sur le grand nombre de victimes. On y trouve une allitération en « m » qui permet d’insister sur les mots « mourants », « morts », ce qui donne l’impression qu’ils sont incalculables. L’auteur met en valeur la guerre meurtrière en utilisant le champ lexical de la mort : « mourant » (vers 7), « morts » (vers 7), « sanglant » (vers 19), « sang » (vers 34) et « mourir » (vers 43). Cela permet d’accentuer la violence tragique de la guerre et peut produire du dégoût. En outre, on observe la violence des affrontements au vers 8 : « les combats qui font trembler la terre ». Cela montre la puissance et l’ampleur de cette guerre avec le mot « trembler ». Le vers 17 repose sur un parallélisme et une allitération en « r » et « s » : « La fureur s’y condense et l’horreur s’y accroît ». Le son « r » donne un effet de dureté de la guerre et le son « s » peut faire penser au sifflement des bombes. Au vers 19 « tout est sombre et terrible et sanglant à la fois » résume la guerre avec ses termes péjoratifs (« sombre », « terrible », « sanglant »). Cette phrase est pesante.
Cependant, on peut aussi voir que la guerre est universelle, omniprésente dans le monde et sa durée, infinie. Le vers 6 : « qui vient et passe et qui s’arrête et passe encor » montre bien le grand nombre de fronts sur lesquels on se bat en permanence. Dans ce vers, on retrouve une métaphore de la guerre qui permet d’insister sur les combats qui n’ont pas de fin. Ainsi le vers 13 nous montre bien que cette guerre s’étend dans de nombreuses villes et pays : « Kirkholm, Kreusberg, Mitau, Dwinsk, Jacobstat, Vilna ». Mais il n’y a pas que les villes qui sont touchées par la guerre. Le vers 18 : « Et des plaines aux monts, et des fleuves aux bois. » nous le montre bien. Le poète utilise un parallélisme et une antithèse entre « plaines » et « monts » ainsi qu’entre « fleuves » et « bois ». Cela renforce l’idée que cette guerre s’étend, est partout. On peut conclure que cette guerre se fait dans les airs : « le vent » (vers 5), dans la mer : « sur l’Océan » (vers 10) et sur terre : « trembler la terre » (vers 8).
L’auteur nous montre que la guerre s’étend sur l’ensemble du territoire, du monde, qu’elle est dévastatrice sur son chemin. Par conséquent, l’auteur ressent un moment de solitude liée à la remémoration de ses proches.
Malgré tout, Verhaeren souffre de la solitude, de la séparation et de l’isolement, comme nous le montre le champ lexical de l’isolement : « solitaire » (vers 2 et 21), « délaissement » (vers 36), « abandon » (vers 36) et « seule » (vers 43). La cause de ce sentiment est la guerre : « Depuis la guerre » (vers 3 et 20). Il rend responsable la guerre de sa solitude. Le poète exprime ce qu’il ressent. C’est pourquoi les pronoms personnels « moi » et les déterminants possessifs à la première personne « mes » sont utilisés. Le poème est lyrique et pathétique car on peut ressentir la tristesse du poète d’avoir perdu ses amis : « Dites, où sont-ils donc mes amis de naguère ? » au vers 22. A travers cette question rhétorique, on a l’impression que le poète n’accepte pas la situation. Ainsi, il s’adresse directement à nous lecteurs, avec « Dites ». De plus, il exprime aussi sa solitude à travers sa chambre : « Elle est close et solitaire » au vers 21. On a une personnification de la chambre pour montrer que le poète se sent seul. La chambre est le reflet du poète, de sa conscience malheureuse.
Cependant, le thème du souvenir est primordial. L’évocation d’un souvenir en compagnie de ses amis lui permet de sortir de cette séparation, de cet isolement. La présence des termes mélioratifs : « belles » (vers 25), « vaillante » (vers 29), « espoir » (vers 30) et « consoler » (vers 33) rassemble les bons moments passés en leur compagnie. Les vers 24 et 25 et les vers 32 et 33 renforcent les bons moments, ainsi que la nostalgie. Emile Verhaeren répète deux fois « celui qui » (vers 32 et 28). Cela évoque ses amis disparus. Il se souvient d’eux, ne les oublie pas. Il leur rend hommage. Ainsi, le passé simple et l’imparfait de l’indicatif sont utilisés pour évoquer les souvenirs. Le poète fait aussi un lien entre le passé et le présent, voire son passé et son présent pour se rassurer : « Voici le coin où l’autre mois » (vers 23) et « voici le siège où s’asseyait » (vers 31). Il met l’accent sur ses habitudes : « tous les soirs ». On aperçoit un champ lexical du corps humain au vers 34 : « ma tête », « mon sang », « mes nerfs », qui souligne son désespoir et sa pitié.
Pour conclure, ce poème nous montre bien l’horreur causée par la guerre et ses conséquences sur l’homme avec un sentiment d’être perdu, d’être seul. La guerre peut détruire le monde, le moral d’une personne et sa façon de voir le monde.