Les Ailes rouges de la guerre d'Emile Verhaeren par Jessica et Corantine
A l’image du poème de Guillaume Apollinaire, « La colombe poignardée et le jet d’eau », le poème d’Emile Verhaeren extrait des Ailes Rouges de la guerre insiste également sur la violence de la guerre et la solitude. Le poète accentue le fait que la guerre est universelle et tragique. Nous pouvons donc nous demander comment Emile Verhaeren montre que la guerre est destructrice. Dans un premier temps, nous verrons comment l’auteur démontre une guerre apocalyptique. Puis nous nous concentrerons sur la solitude et la nostalgie de l’auteur qui se dégage du texte.
L’auteur développe au fil de ces vers la description d’une guerre que l’on pourrait considérer comme apocalyptique. En effet, dans le poème, il fait référence aux combats, qu’ils soient maritimes (« Là-bas au loin, sur l’Océan » vers 10), terrestres (« A travers les combats qui font trembler la terre » vers 8 et « O guerre dans le sol » au vers 16) et aérien avec l’évocation des « Zeppelins » au vers 12. On comprend alors que la guerre est partout. Elle est universelle.
Le poète insiste sur le côté destructeur de la guerre avec l’énumération au vers 13 de villes européennes qui ont connu de violentes batailles et qui ont été détruites par les événements. L’auteur nous démontre les horreurs et les conséquences négatives de la guerre que l’on peut voir grâce aux nombreux morts et blessés qu’il relate au vers 7 : « Avec le défilé des mourants et des morts ». Ce vers donne l’impression que la guerre engendre une danse macabre infinie.
Ce poème est de tonalité tragique et épique car il représente la violence et l’horreur de la guerre. La tragédie de la guerre, car elle est vécue comme une fatalité à laquelle on ne peut échapper. Le poète transcrit ceci dans le vers 17 : « La fureur s’y condense et l’horreur s’y accroît ». Ce passage est d’ailleurs marqué par des alexandrins coupés en hémistiches qui rendent compte de la violence de la guerre. Ceci renvoie à la tonalité épique : « Tout est sombre et terrible et sanglant à la fois. » (Vers 19). Le poème est traversé par l’idée de la guerre. En effet, on repère de nombreuses répétitions ramenant à la guerre, notamment avec « Depuis la guerre », qui apparaît dans les trois vers qui composent le refrain. On remarque que cette idée hante le poète, victime de la guerre.
Le poème permet à l’auteur d’exprimer ses émotions telles que la solitude et la nostalgie. Quant à nous, à sa lecture, nous ressentons de la pitié et de la tristesse. Le poète ressent donc de la souffrance morale.
Sa souffrance morale est marquée par beaucoup de nostalgie. Le poète insiste sur la nostalgie grâce à la structure du texte. En effet, le poème débute et termine par une strophe placée dans le présent, dans la réalité. Tandis que la majorité du texte fait référence à la nostalgie des amis perdus à cause de la guerre. Le poète est comme dans un rêve nostalgique. Il reprend également une méthode récurrente pour l’expression de la nostalgie, grâce à l’utilisation de questions rhétoriques. Cette méthode est souvent utilisée par les poètes pour évoquer la nostalgie : par exemple on peut la voir à l’œuvre dans les poèmes les plus célèbres de Rutebeuf ou François Villon. Cette question rhétorique : « Dites, où sont-ils donc mes amis de naguère ? », est reprise dans le refrain qui entre donc dans la tonalité pathétique et lyrique.
Sa souffrance morale est marquée également par sa solitude. On remarque que lorsqu’il énonce ses souvenirs avec un ami, celui-ci n’est pas nommé. Il reste anonyme avec la périphrase : « Celui qui » au vers 32. Le poète se sent abandonné, comme il l’explique dans le vers 36 : « En quel délaissement et en quel abandon ». Il se met à partager des moments avec la personnification d’une flamme. Cette flamme représente le dernier souffle d’humanité puisqu’elle est « prompte à vivre ou à mourir » dans le vers 42. Le vers insiste sur la fragilité de cette humanité mise à rude épreuve par la guerre.
Emile Verhaeren montre que la guerre est destructrice en mettant l’accent sur la solitude de l’auteur et sur l’horreur de la guerre. Il met notamment en lumière les conséquences négatives telles que les morts et les blessés, mais aussi les destructions matérielles et les cauchemars laissés par la guerre sur les victimes de ces événements.