Calligrammes d'Apollinaire par Lise
Guillaume Apollinaire, poète du XXème siècle, connu pour ses calligrammes qui mêlent poésie et dessin. Son dernier recueil du même nom Calligrammes relate l’expérience amoureuse et guerrière de l’auteur qui participe à la Première Guerre mondiale. Ce recueil est comme un journal de guerre, il débute l’écriture avant la guerre et la poursuit dans les tranchées, un monde sans humanité, comparable à l’enfer. De quelle manière la poésie lui permet-elle de préserver son humanité ? D’abord à travers une vision péjorative de la guerre et enfin par une vision étrangement méliorative de la guerre.
La guerre engendre de la souffrance chez Apollinaire, qu’il exprime à travers sa poésie avec un sentiment de haine, d’incompréhension, de mélancolie ; dans le poème liminaire « Liens » il la compare à un « ennemi » dans une anaphore qu’il répète cinq fois, cela permet une insistance, témoigne de sa colère et énumère tous les sentiments mis en péril avec la guerre. De plus, il s’agit d’une image car pendant une guerre ce sont les opposants qui sont les ennemis mais d’après Apollinaire c’est la guerre en elle-même qui est un ennemi, l’ennemi des émotions et sentiments. Dans le poème « Refus de la Colombe », il voit la guerre comme un mensonge qui ne cherche pas la paix et fait une critique de la guerre qui le dégoûte.
La guerre engendre des transformations chez Apollinaire. En effet, dans le poème « Mutation » synonyme de transformation ; il exprime des actions, des réactions qui sont apparus avec la guerre « Des obus qui pétaient » qui ont des conséquences sur l’auteur, « Et tout A tant changé En moi », accentué par « tout » et l’adverbe « tant ». Dans le poème, « Tristesse d’une étoile » il exprime son mal-être dû à la guerre et à ses actions commises, l’impression de porter un fardeau « Une étoile de sang me couronne à jamais », « je porte avec moi cette ardente souffrance » ; ses actions faites à la guerre le suivront toujours et font maintenant partit intégrante de lui, il a « muté ». Il sent qu’il perd son humanité dû à l’horreur de la guerre mais sa conscience et sa tristesse témoignent qu’il possède encore de l’humanité et peut encore ressentir des émotions qu’il exprime dans sa poésie, une sorte de thérapie.
De plus, la guerre est marquée par la solitude que la poésie arrive en partie à combler. En effet, certains poèmes sont tournés sous forme de lettre telle que « L’inscription anglaise », qui donne l’impression de parler à quelqu’un, de se sentir écouté par ce biais l’aide à rester humain.
Pour garder son humanité Apollinaire utilise la poésie comme arme et cherche la beauté dans la guerre pour survivre à la déshumanisation. Dans le poème « Chant de l’honneur » cela lui semble nécessaire de chercher la beauté dans le crime pour qu’elle « ne perde pas ses droits » car d’après lui la beauté est la « Seule chose ici-bas qui jamais n’est mauvaise ». Il trouve de la beauté dans l’atrocité de la guerre et dans la douleur, il rend le laid beau pour que ce soit moins dur, comme en personnifiant et en faisant une prosopopée de la tranchée ou des balles mais en gardant une forme de simplicité, il exprime des faits de la guerre de manière crue. De plus, il voit cela comme son devoir en tant que poète « Poète honore-la » et un « Honneur ».
Dans son recueil, Apollinaire exprime notamment le sentiment amoureux, un thème principal du recueil qu’il dédie souvent à des femmes de sa vie et qu’il mêle avec la guerre, comme dans le poème « A l’Italie » avec la citation « L’amour a remué ma vie comme on remue la terre dans la zone des armées ». Dans le poème « Mutation » il exprime les changements qui ont opéré et finit par « Tout Sauf mon Amour », l’Amour son dernier lien avec l’humanité et un moyen d’évasion, permettant d’échapper à la guerre comparée à un oiseau dans le poème « Un oiseau qui chante ».
La poésie permet à l’auteur de se rattacher au passé ; en effet il en garde de nombreux souvenirs. Dans le poème « Arbre », Apollinaire fait la description de paysage qui l’a marqué avec précision qui témoigne de l’affection qu’il éprouve. Il emploie la négation « Je n’ai pas oublié » et le futur proche « J’entends déjà » ; il veut y retourner, il s’imagine là-bas quelques instants grâce à la poésie. Elle lui permet également de penser à l’avenir. Dans le poème « Désir » il expose ses désirs à propos de l’avenir et la fin de la guerre, il se projette. Dans de nombreux poèmes il exprime de l’espoir sur la fin de la guerre cela lui permet de tenir.
La poésie lui permet de préserver son humanité à travers une vision nuancée de la guerre, d’une part par la souffrance, le dégoût, la colère, la solitude, le sentiment de ne plus sentir homme ; cela semble contradictoire mais le fait de s’en rendre compte peut être vu comme un signe d’humanité. De plus, cela lui permet de ressentir des sentiments, signe d’humanité tels que l’amour, une échappatoire qui trouve sa place dans le chaos et par sa quête de la beauté de la guerre son moyen de résister. Mais aussi l’évasion que lui permettent la réminiscence du passé et l’espoir du futur.